Bill Viola est un vidéaste américain né à New York le 25 janvier 1951.
Il s'est notamment illustré par la création d'installations vidéo monumentales comme celle au Grand Palais de Paris en 2014.
Bill Viola étudie les arts plastiques à l'université de Syracuse de New York mais, n'étant pas à l'aise dans les cours qu'il trouve trop traditionnels, il rejoint une section créée par le professeur Jack Nelson pour les élèves inadaptés aux autres sections, l'« experimental studio », où il entre en contact avec la vidéo.
Plus intéressé par la musique que par l'image, il suit des cours de musique électronique sur synthétiseur, ce qui lui permet d'appréhender le signal électronique comme un matériau avec lequel il peut travailler. Fasciné par la « continuité du signal vidéo par rapport à l'attente qu'induit le développement de pellicule », il aborde ainsi la vidéo en termes de signal et non d'image. Totalement enthousiasmé par ce nouvel outil, Viola dit avoir fait en 1973 plus de bandes que durant n'importe quelle autre année.
Il commence à mettre en place des installations vidéo en utilisant des moniteurs, puis des projections de ses vidéos sur de grandes surfaces dès 1973. Viola participe à cette effervescence qui entoure le tout nouvel art vidéo dans des manifestations, avec des gens comme Nam June Paik, Bruce Nauman, Richard Serra, Peter Campus, Vito Acconci, Joseph Beuys , Wolf Vostell, Frank Gillette, Ira Schneider, Juan Downey. Il est, comme eux, influencé par le performance art. Ainsi, en 1975, dans une performance intitulée Free Global Distribution, il tente pendant une journée d'apparaître sur le maximum de photographies de touristes à Florence.
Vers le milieu des années 1970, il voyage en Orient poussé par une quête spirituelle. En 1980, lors d'un voyage au Japon à la faveur d'une bourse d'études, il rencontre le maître zen Daien Tanaka qui devient son guide spirituel.
Bill Viola décrit ses premières bandes en citant Marshall McLuhan : « Le médium, c'est le message », c'est-à-dire que leur sujet, ce qui est mis en scène, c'est la technologie vidéo elle-même ; mais il pense ensuite qu'il doit aussi considérer à parts égales le système perceptif humain, ce qui transparaît dans Red Tape(1973), considérée comme une bande de transition vers la prise en compte du spectateur.
Viola cherche désormais, dans une démarche intimiste, à exprimer son cheminement émotionnel et spirituel, où il n'hésite pas à donner des images de lui-même ou de sa famille. Il fait également souvent appel à des thèmes récurrents : la vie, la mort, le sommeil, le rêve, l'eau, le feu, le désert…
Par exemple, en 1991, il réalise The Passing : cette bande vidéo est une réflexion sur la vie et la mort, en réaction aux événements presque simultanés de la mort de sa mère et de la naissance de son deuxième fils. On peut y voir, accompagnés de sons sourds angoissants, des images de son fils, de sa mère agonisant sur son lit d'hôpital, de paysages déserts, de Viola se réveillant en sursaut dans son lit, d'objets tombants au ralenti ou dans l'eau, etc.
Deux principaux courants se partagent la vidéo américaine : l'un, exubérant et ludique, trafique et dénature les images à l'aide d'effets divers ; son chef de file est Nam June Paik ; l'autre est plus discret et moins transformateur et Viola en est devenu le représentant le plus reconnu.
En 1995, il représente les États-Unis à la Biennale de Venise, où il expose The Greeting inspiré de la Visitation du peintre maniériste Pontormo. Comment ajouter l’élément du temps à des images qui restaient a priori figées ? Dans cette installation Viola donne vie à la peinture : sur un écran plat à cristaux liquides, cette œuvre présente les mouvements ralentis de femmes interprétant les personnages du tableau. En 2000, l'installation est présentée dans l'église Saint-Eustache de Paris. En 2001, elle a été la première œuvre d'art vidéo acquise par le Metropolitan Museum of Art de New York.
En janvier 2004 se termine l'exposition « The Passions » à la National Gallery de Londres où, pour la première fois, une exposition était entièrement consacrée à un artiste contemporain.
En mars 2014, la toute première rétrospective française de l'artiste a lieu au Grand Palais à Paris avec plus de vingt œuvres monumentales représentant des heures de vidéo et un dispositif de plus de trente écrans.